dimanche 21 juin 2009
Poorest in the Caribbean: Haiti in the twentiest century
Pas besoin d'un autre plan de relance, selon Jean-Claude Trichet
Les primes de risques entre banques sont revenues au niveau qui existait avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers le 15 septembre dernier, a ajouté Jean-Claude Trichet sur Europe 1.
Ce retour d'une certaine confiance entre les banques est une preuve que "le marché fonctionne mieux" selon lui.
"L'effort qui a été fait est à la mesure du défi qui nous était lancé. (...) Aucun élément supplémentaire n'est nécessaire."
Jean-Claude Trichet a répété que la reprise se ferait en 2010, "à condition que nous fassions tous ensemble ce qui a été lucidement décidé par la communauté internationale (...) de manière aussi rapide que possible".
Pour le président de la BCE, "le premier trimestre a été très mauvais, mais les trimestres suivants seront moins mauvais, jusqu'à une fin d'année qui devrait nous conduire à peu près à la stabilité en termes d'activité".
"Nous devrions enregistrer la reprise de l'activité positive dans le courant de l'année prochaine", a-t-il répété, précisant qu'il y avait sur le sujet un très large consensus entre les prévisionnistes de la BCE, du Fonds monétaire international (FMI) et de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique).
"Beaucoup dépend de l'énergie avec laquelle nous allons mettre en oeuvre ce qui a été décidé", a-t-il conclu.
samedi 20 juin 2009
Haïti: IV. Vers une économie efficace et solidaire
- l'État double sa contribution par rapport à 2005-2006 en pourcentage du PIB et s'aligne sur la plupart des pays sous développés
- l'État améliore considérablement sa capacité à définir et à faire observer des normes
- l'État aide à réduire les coûts de l'éducation et aide les ménages à soutenir les coûts élevés de l'éducation
- l'État renforce ses liens de coopération avec le secteur privé de l'éducation en matière de planification stratégique, de définition des normes, des objectifs et des procédures.
C. Régénérer l'agriculture
De l'agriculture haïtienne et de ses faiblesses, on a à peu près tout dit et tout dénoncé : une population en augmentation continue sur des terres exiguës et dispersées en unités d'exploitation de plus en plus réduites, faible niveau de productivité, incertitude sur la validité des titres de propriété, absence totale ou inefficacité des systèmes de gestion de l'eau, 93 % de déforestation, arriération des instruments et méthodes de culture, et accès extrêmement limité aux facilités d'infrastructure, de transport et de crédit.
Résultat net : l'indice d'augmentation de productivité totale des facteurs pour l'agriculture haïtienne a été de 0,6 % entre 1961-1980 et 1 % entre 1981-2001 à comparer à 1 et 1,7 % en Afrique et 1,5 et 2,4 % en Amérique latine et dans la Caraïbe. Le bas niveau de productivité est imputable à la fragmentation du sol (80 % des exploitants disposent de moins de 2 ha) le revenu paysan est si faible que le paysan ne peut ni épargner ni investir. L'augmentation de productivité a donc été trop faible et la production agricole n'a pas correspondu au taux d'accroissement de la population (2,2 %), au point où la moitié de la nourriture consommée en Haïti vient de l'étranger, d'où un haut niveau de vulnérabilité alimentaire et une forte pression sur la balance des paiements. La libéralisation sauvage des années 80 et les embargos des années 90 ont décapitalisé le monde rural, réduit considérablement la production de riz et de café et provoqué un exode massif vers Port-au-Prince, ce qui a davantage détérioré les conditions de vie dans les quartiers pauvres, et augmenté leur potentiel de violence et d'instabilité.
Et après, que fait-on ?
Très bien. En fait, très mal. Mais quand on a dit tout cela, la seule vraie question, est : Et alors, qu'est-ce qu'on fait ? On ferme le dossier et on attend les touristes ? Cela ne serait pas sérieux. Oui, mais il reste l'industrie d'assemblage. Bien sûr, mais cela ne suffirait pas. Avec 16 % du PIB, l'industrie n'absorbe que 10 % de l'emploi total. Les libéralisations financières qui accompagnent son expansion coûtent cher. Sa capacité d'intégration à l'économie locale est quasiment nulle. La compétition au plan mondial est serrée. Dans les circonstances actuelles, l'accès au marché américain est limité dans le temps, et la capacité interne d'absorption de l'excédent de main-d'oeuvre agricole par l'industrie est forcément limitée. À quoi s'ajoute la tendance de plus en plus accentuée à la hausse des prix alimentaires sur le marché mondial.
De ce qui précède, il suit que l'agriculture en tout état de cause, et par le fait même des circonstances, est un secteur indispensable de stabilisation et d'équilibre social. Mais il y a mieux. L'agriculture est un partenaire obligé de toute politique de croissance parce que l'agriculture est, par elle-même, un des moteurs de la croissance.
i. Haïti est d'abord et avant tout une économie rurale. Soixante pourcent (60 %) de la population vit en zone rurale. Sur les 4 millions d'indigents que compte le pays, 2,7 millions vivent en zone rurale.
ii. Le secteur agricole compte pour 30 % du PIB, 50 % de l'emploi total et deux tiers (2/3) de l'emploi en zone rurale.
iii. Alors que le secteur agricole n'est protégé ni par des quotas d'importations, ni par des tarifs douaniers, la demande interne de biens alimentaires est élevée et le commerce informel avec la République Dominicaine de café, de mangues et de cacao fait apparaître des ressources annuelles de l'ordre de $13 millions.
iv. Les projets en cours avec l'aide internationale (CIDA dans les Nippes, USAID dans l'agriculture de montagne, FAO à Marmelade) démontrent que l'environnement permet une augmentation de la productivité agricole.
v. Les zones agroécologiques que l'ont peut trouver en Haïti offrent des possibilités de cultures variées susceptibles d'augmentation de productivité et de production, aussi bien pour le marché local que pour les marchés internationaux. Dans chacune de ces zones (bon niveau de pluviométrie, fertilité du sol adéquate, potentiel d'irrigation) il existe des cultures phares ou des associations de cultures avec potentiellement une haute valeur ajoutée qui peuvent être améliorées pour répondre à la demande, locale ou étrangère, aussi bien qu'aux besoins de l'exploitant.
vi. Les perspectives d'augmentation de production de ces cultures et de ces systèmes d'exploitation sont très bonnes d'autant plus que le niveau actuel de technologie est extrêmement bas et que l'exploitant haïtien est un individu qui travaille dur, est créatif et répond bien aux signaux du marché.
vii. Une étude de la Banque Mondiale des systèmes d'exploitation montre que des espaces dans différentes zones agroécologiques ont un potentiel clair pour le développement. Ces espaces comprennent »des zones de montagnes humides, des zones de bas-fond (irrigués et humides) et des zones sèches et semi-arides. Dans chacune de ces zones agroécologiques, ont été identifiées des cultures de pointe avec haute valeur ajoutée qui peuvent répondre à la demande de marché et qui pourraient servir de moteurs de croissance soit seules, soit en association. Et l'étude conclut : « Au moins sur le court et moyen terme, il est important de soutenir le secteur agricole comme un moteur clé de la croissance d'autant que l'agriculture peut produire des effets multiplicateurs pour le reste de l'économie rurale. »
La question de principe peut donc être considérée comme réglée. Il reste des questions en suspens. Quels types d'intervention rendront l'agriculture plus efficace ? Quelles sont les structures : centralisées, décentralisées ? Comment stabiliser l'environnement ? Faudra-t-il instituer un pécule de l'environnement qui inciterait les exploitants à adopter des méthodes de préservation ou de restauration plus soutenables de l'environnement ? Autant de questions que nous laisserons aux spécialistes. Ce qui toutefois nous apparaît comme incontournable dès maintenant, c'est la question de la création d'une Banque Publique de Développement pour le financement de l'agriculture et des petites et moyennes entreprises.
D. Créer une Banque Publique de Développement
À plusieurs reprises au cours des dernières années, j'ai aussi bien dans les publications du Midh que dans des discours publics, recommandé la création d'une Banque Publique de Développement. Dans les milieux où l'idée a fait son chemin, nombreux sont ceux qui se sont frottés les mains, en pensant : « Ah ! Formidable ! Une nouvelle IDAI, qui permettrait à ceux proches du pouvoir de s'accorder des prêts de complaisance qui ne seraient jamais remboursés. » À ceux-là, nous répondons qu'ils ont tort d'espérer. Nous pensons qu'il n'y a pas de défaillances du secteur public bancaire auxquelles de fortes institutions, des professionnels compétents et honnêtes ne puissent parer ou remédier, et il n'y a aucune raison pour qu'une nouvelle banque publique finisse comme l'IDAI.
Ceux qui s'opposent à l'idée de la création d'une banque publique - souvent d'ailleurs par le silence - le font au nom de l'orthodoxie. Comment par ces temps de privatisation fondamentale, penser à monter un système de crédit public ? Ceux-là oublient - ou ne savent pas - que en avril 2004 les banques publiques dominaient le secteur bancaire dans la majorité des populations des pays sous-développés. Nous pourrions en rester là, s'il ne s'agissait que de polémiquer. Mais, dans la perspective d'une politique de croissance, qui est la nôtre, ignorer que l'accès au financement est la clé du processus de développement serait faire preuve d'irresponsabilité. Il n'y a pas de croissance sans investissements. Il n'y a pas d'investissements sans financement. À quel coût, et quelles sont les conséquences du manque d'accès au financement pour l'agriculture et les petites et moyennes entreprises, lesquelles sont les plus grandes créatrices d'emplois, sur la croissance et le développement économique ?
Haïti aujourd'hui est coincée dans un dilemme. D'un côté, le Gouvernement se doit de maintenir la stabilité du secteur financier dans son ensemble, ce qui suppose qu'il établisse des règles qui régissent le comportement des banques y compris des limites sur les types de crédits, les normes de capital et de liquidités. Mais d'un autre côté, on attend du Gouvernement qu'il crée la croissance, ce qui implique qu'il encourage les institutions financières à allouer du crédit aux entreprises productives et, du fait que de tels prêts présentent des risques, le Gouvernement a pour devoir d'équilibrer ces risques par rapport à l'exigence de stabilité à tous les niveaux.
Haïti dans un dilemme
La réconciliation nécessaire entre stabilité, croissance et large accès au crédit est l'un des nombreux défis que le Gouvernement s'est montré incapable de relever. Quand, en 1991, le Président Aristide avait décidé de libéraliser le secteur financier, de libérer les taux d'intérêts sur les prêts et les dépôts, de relâcher tous contrôles sur le crédit et les réserves obligatoires et de jeter la gourde sur le marché parallèle, j'avais dit : « C'est de la folie. Aucune action compensatrice n'est en place. De toutes les mesures de libéralisation, la libéralisation financière est la plus dangereuse. Son impact est vaste et a des répercussions sur tous les secteurs de l'économie. Le secteur est fragile, à la merci non seulement de changements politiques et économiques mais souvent même de perceptions psychologiques. Ne libéralisons pas tous azimuts sans avoir mis en place des garde-fous. » À cette mise en garde rendue publique par un communiqué du Midh, c'est Marie-Laurence Lassègue, qui avait été chargée de nous répondre. Elle l'a fait avec un propos hors sujet par référence à une fumeuse histoire de « carnet » d'où on devait comprendre que seul Aristide, auquel le peuple n'avait pas donné de « carnet », avait encore droit à la parole.
Si on nous avait écoutés, d'une part et en tout premier lieu, le scandale des coopératives ne se serait pas produit. D'autre part, le secteur financier ne finance pas le développement. La libéralisation sans garde-fous du secteur financier a abouti à l'absence de financement à long terme et à limiter l'accès au financement à un petit groupe de grandes entreprises ; 80 % des avoirs bancaires sont détenus par trois grandes banques ; 10 % d'emprunteurs individuels reçoivent environ 80 % du total des prêts. À peu près la moitié des crédits va au commerce et aux services, 1 % seulement va à l'agriculture et aux transports. La situation du secteur bancaire par rapport à la croissance de l'économie n'est pas seulement anormale mais absurde et suicidaire ; l'agriculture est reconnue comme moteur de croissance. Elle représente 30 % du PIB, 50 % de l'emploi total, 2/3 de l'emploi en zone rurale où vivent 2,7 millions de pauvres, et le crédit bancaire à l'agriculture ne représente que 1 % du total des crédits pendant que 45 % des dépôts dans les banques restent inutilisés.
Un secteur financier performant
Un secteur financier performant est une condition sine qua non de la croissance économique. Il a été amplement établi que 50 % de la variation du PIB par tête entre pays s'explique par la variation du crédit au secteur privé par rapport au PIB. Le financement induit la croissance. Les pays avec un secteur financier dynamique augmentent l'activité économique deux fois plus vite que les autres. À mesure que le PIB par tête augmente par suite du développement du secteur financier, les ménages bénéficient d'un revenu plus élevé, consomment et investissent davantage, diversifient leur épargne, et l'accès au crédit leur permet d'acheter des engrais, des semences et d'augmenter leur productivité.
La perspective d'un marché des capitaux restera encore longtemps une vue de l'esprit en Haïti et matière à spéculation pour commentateurs impatients. Le financement extérieur reste toujours une possibilité mais la question du volume, des conditions et de la prévisibilité restera toujours une source d'incertitude.
Mais il y a plus grave. Le plus grave est que les raisons pour lesquelles le crédit bancaire ne va pas à l'agriculture ne sont pas des raisons susceptibles de disparaître du jour au lendemain. Les banques préfèrent - et on les comprend - financer les déficits du Gouvernement, à un taux rémunérateur. Elles se plaignent - toujours à bon droit - de la faiblesse du système judiciaire, de la faiblesse du marché et des infrastructures. Dans quel délai ces problèmes seront-ils résolus ? Et qui peut garantir que, ces problèmes résolus, le secteur bancaire s'ouvrira au financement de la croissance ? On ne peut pas savoir.
La raison pour laquelle nous recommandons la création d'une banque publique de développement n'a donc rien d'idéologique. Ce n'est ni pour limiter le pouvoir économique et politique des banques privées, ni pour le plaisir de contrôler et d'infléchir le secteur bancaire mais pour corriger une défaillance du marché et faciliter l'accès au crédit pour de petites entreprises potentiellement productives lesquelles sont pour l'instant privées de toute possibilité raisonnable de contribuer à la croissance de l'économie.
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vendredi 19 juin 2009
Salaire minimum : pauvreté et emploi, quels effets ?
C'est un très bon papier sur le sujet. Il faut le lire.
Pour ce faire, cliquez ici.
vendredi 12 juin 2009
Haïti: Le salaire minimum, d'une rencontre à l'autre
Par Carlin MICHEL
michelcarlin@yahoo.fr
Le Palais national est, ces derniers jours, comme le siège des tractations sur la loi portant sur le salaire minimum votée au début du mois de mai 2009. Le président René Préval a réuni autour d'une même table des parlementaires et des industriels pour discuter de la portée de cette loi. S'ils ne peuvent pas trouver un accord pour la promulgation de cette loi, ils se mettent cependant d'accord pour ne pas partager avec la presse les informations découlant des discussions entamées depuis jeudi au Palais national.
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jeudi 4 juin 2009
Haïti / Salaire minimum: que dit la science économique ?
Même les économistes les plus éminents sont divisés sur cette question.
Gary Becker, Prix Nobel affirme : « Laissez filer le salaire minimum et vous mettrez les gens au chômage.»
D’autres Prix Nobel ont une opinion contraire: « Nous pensons que le salaire minimum fédéral (aux USA) peut être augmenté modérément sans menacer de façon notable les possibilités d’emploi.»
Un ancien conseiller économique du Président Clinton, Alan Blinder écrivait dans le New York Times du 23 mai 1996: « Les gens qui perçoivent les salaires les plus bas souffrent depuis plusieurs années. Ils ont besoin de toute l’aide possible et très vite. Environ 40% des salariés percevant le salaire minimum sont le seul membre de la famille qui rapporte un revenu et environ les deux tiers des adolescents gagnant le salaire minimum vivent dans des familles ayant un revenu inférieur à la moyenne. Franchement, je ne sais pas si une augmentation modeste du salaire minimum diminuerait ou non l’emploi. Si c’était le cas, l’effet serait vraisemblablement très faible.»
Alors comment voulez-vous que des non spécialistes puissent se faire une juste idée de ces questions si les experts ne s’entendent pas ?
Samuelson et Nordhaus (2005) affirment qu’une analyse faite de sang froid indique que la controverse sur le salaire minimum est d’abord due à des questions d’interprétation et non à des désaccords fondamentaux quant aux résultats empiriques.
A) Salaire minimum et marché de concurrence.-
Figure 1
Sur un marché de concurrence la demande d’un facteur est une fonction décroissante : si le prix du facteur augmente, la quantité de facteur diminue. Cette règle est d’une grande importance sur le marché du travail.
En situation de concurrence sur le marché du travail, dans son entier ou par segment, une augmentation du salaire, ceteris paribus, entraînera une réduction du volume de l’emploi.
Toujours dans le cas de la Figure 1, l’offre globale (OO’) et la demande globale (D’D) aboutissent au salaire w0 qui équilibre le marché au point A. Le volume d’emploi à l’équilibre est L0.
Supposons que l’État décide de fixer le salaire minimum à (w1), une valeur supérieure au salaire d’équilibre du marché ( w1 supérieur à w0 ). La fixation du salaire minimum à (w1) revient à remplacer la courbe de l’offre (OO’) par la ligne brisée (w1 JO’). L’équilibre du marché de l’emploi n’est plus au point A ; il se déplace au point B, intersection de (w1 JO’) et de (D’D).
L’emploi diminuera donc de L0 à L1. L’imposition d’un salaire minimum entraîne une diminution de l’emploi.
Pour le salaire w0 la quantité de travail offerte correspond à l’abscisse du point J, tandis que la quantité de travail demandée s’établit au point B. La différence entre les abscisses de J et de B correspond alors au niveau de chômage. Il y aura donc une augmentation du chômage et une diminution de l’emploi des travailleurs non qualifiés.
L’ampleur de ces mouvements dépendra de l’élasticité-prix de la demande de travail, c’est-à-dire de la mesure de la sensibilité des variations relatives de la quantité de travail demandée aux variations relatives du prix. L’effet de ces mouvements sur le salaire des travailleurs à faible revenu peut être anticipé en analysant les données empiriques disponibles dans le milieu considéré.
Le passage de w0 à w1 pourrait-il se faire sans perte d’emploi ?
La réponse peut-être oui. Pour qu’il n’y ait pas de diminution d'emploi, il faudrait que la courbe de demande (D’D) se déplace vers le haut, comme l’illustre la Figure 2, pour s’établir en (D’1 D1), coupant ainsi la courbe de l’offre (w1 JO’) au point C d’abscisse L0. Mais un tel déplacement de la courbe de demande (D’D) ne pourrait se faire que si le prix des biens produits par les travailleurs augmentait (ce qui déplacerait vers le haut la courbe des valeurs de productivité marginale) et/ou s’il y avait des gains de productivité. À ce sujet, voir par exemple Gauthier et Leroux (1981).
Toutes choses étant égales par ailleurs, l’augmentation du salaire minimum ne se traduirait pas par une diminution de l’emploi si elle était accompagnée de gains de productivité.

Figure 2
B) Salaire minimum, syndicat et concurrence imparfaite.-
Considérons maintenant le cas où la main-d’œuvre est organisée, c’est-à-dire, protégé par un syndicat, par exemple. La présence du syndicat va changer la dynamique de fixation du prix, comme on va le voir à l’aide de la Figure 3.

La courbe d’offre (OO’) est remplacée par la ligne brisée, (w1JO’), qui représente aussi la dépense moyenne en travail de l’employeur. Et la dépense marginale est alors définie par l’ensemble des deux lignes (w1J) et (KM).
Pour maximiser son profit, l’employeur est obligé de se positionner au point A, intersection de la ligne brisée précédente (la nouvelle ligne de dépense marginale) et de la ligne de recette marginale factorielle (RmF). Dans ce cas, il emploie L0, mais au salaire w1.
On constate que w1 constitue le salaire minimum le plus élevé que le syndicat peut exiger sans causer une diminution de l’emploi.
D’autre part, soit le niveau de salaire w2, compris entre w0 et w1 et associé à l’intersection de la ligne d’offre initiale (OO’) et de la ligne de recette marginale factorielle. Si le syndicat n’accepte pas d’offrir de l’emploi au-dessous de w12, alors la courbe d’offre devient (w2BO’), tandis que la ligne de dépense marginale de l’employeur est formée des deux segments (w2B) et (SM). Pour maximiser son profit, l’employeur est alors contraint d’utiliser L2, payé au salaire w2. Le syndicat a donc une marge de négaciation: il peut négocier un salaire minimum compris entre w2 et w1, ce qui maintiendra le niveau d’emploi entre L2 et L0.
C) Définition de quelques termes
Fonction de production : Q=f(K,L)
K : facteur Capital
L : facteur Travail
Productivité totale : PTL = f(K=K0, L) ; K0 = valeur fixée de K ; L seule varie.
Productivité marginale physique : PmPL, dérivée de la productivité totale par rapport à L.
Recette totale factorielle (RTFL) : liaison fonctionnelle entre les rentrées monétaires de l’entreprise et les quantités de facteur variables utilisées : RTFL = g(L).
On a toujours : RTFL = PQ . PTL ; PQ étant le prix du bien sur le marché.
Recette marginale factorielle (RmFL) : mesure la contribution additionnelle à la recette totale due à l’utilisation d’une unité supplémentaire de facteur:
On peut montrer que : RmFL = RmQ . PmPL; RmQ étant la recette marginale sur le marché du bien.
Valeur de la productivité marginale d’un facteur (VPmPL ): produit de la productivité marginale physique du facteur variable (PmPL) par le prix du bien (PQ) :
Dépense totale factorielle (DTFLK0) : une fonction des quantités utilisées des facteurs fixe et variable décrivant les déboursés dus à la production : DTFLK0 = h(L, K=K0).
On a : DTFLK0 = PL . L + PK . K0.
Dépense fixe factorielle (DFFLK0) : c’est la quantité PK . K0.
Dépense variable factorielle (DVFL) : une liaison fonctionnelle entre les déboursés de l’entreprise sur le facteur variable et les quantités utilisées du facteur variable :
DVFL = q(L) = PL . L.
Dépense marginale factorielle (DmFL) : une fonction des quantités de facteur variable. Elle exprime l’évolution du déboursé additionnel lié à l’utilisation de facteur:
DmFL = s(L) = d(DFLK0) / dL.
Règle générale : L’entreprise qui veut maximiser ses profits (ou minimiser ses pertes) doit utiliser une quantité de facteur variable telle que la dépense marginale factorielle soit égale à la recette marginale factorielle :
DmFL = RmFL.
mardi 2 juin 2009
How Canada can help Haiti to help itself
By Paul Collier
Our aid program should focus on meeting new infrastructure priorities in the country.
In 2008, three decades of unprecedented global prosperity came to an abrupt end. During this period, countries such as China and India rose out of poverty and moved into the rich world. But others, with a population of more than one billion inhabitants, stagnated.
The central challenge of foreign aid is clearly lifting this bottom billion out of poverty - the countries that missed out on development.
The Canadian opportunity to assist this effort lies in Haiti, where Canada is the second-largest aid donor, and which is a classic country of the bottom billion. What's more, much of the heavy lifting has already been done - the Brazilians have provided 9,000 peacekeepers, ensuring stability, and the Americans have provided Haitian exporters privileged market access, opening new economic opportunities.
The government of Haiti has recently decided to seize this rare chance to create jobs by attracting foreign firms into light manufacturing. The key bottleneck to this effort is infrastructure, without which firms cannot produce competitively.
Is private finance queuing up to provide this infrastructure? No, it is looking to public agencies to provide the necessary finance and guarantees that would make the remaining risks acceptable. To do so, they need immediate outside financial support. They need strategic aid. And here is where Canadian aid can play an immediate, tangible role.
Bureaucracies hate change and are good at avoiding it. But either the Canadian aid program is speedily refocused to meet the new infrastructure priorities of the country it is intended to assist, or it is business as usual disguised by a fog of well-meaning words.
There is a simple reason why aid matters for fragile, impoverished countries: They are extremely short of capital, and private finance is reluctant to take the risks. During the 1990s, the World Bank scaled back lending on infrastructure in Africa on the expectation that private finance would fill the gap. Instead it was filled by the government of China on contractual terms that were opaque and potentially disadvantageous. On three different measures the rate of return on private investment shows up as being higher in Africa than any other region of the world, yet even at the height of the global boom private capital inflows were modest. Now is the time for public capital.
The case of Canada in Haiti provides an ideal example of the modest but serious role that foreign aid can play. Put simply, it is to reinforce positive local forces for change.
It has happened before. In the aftermath of the Second World War much of Europe was in ruins, economically and politically fragile. Thankfully, the American and Canadian governments did not say to Europe, “Good luck, you're on your own, just use the capital markets.” They used the full range of policies. Trade policy was used to open North American markets to European exports. Security policy was used to stabilize the peace. Governance standards were set to help Europe to avoid populism and autocracy. And yes, aid was recognized to be part of the solution.
There is no doubt that aid as it has been organized to date has fallen far short of its potential and has sometimes done real harm. Until the end of the Cold War aid was basically geopolitical so nothing much could be expected. Since then it has been in a learning phase during which big mistakes have been made. Donors have been too prescriptive in trying to set policies, and too pusillanimous in not insisting on clean governance. In the aid-giving countries citizen understanding has been so limited that aid policy has sometimes been the plaything of political gestures. But now is not the time to declare failure; it is the time to get serious, and get it right.
Coinciding with the recently announced reforms to the government's development policy, now would also be an ideal time to start a wider conversation about the role and future of Canadian aid.
As critics are quick to point out, we need to recognize past failures in foreign aid. But this is not a reason to declare the whole idea a failure, but to instead recognize that aid needs to become radically more strategic. Canada, in Haiti, has an opportunity to do just that.
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Paul Collier is professor of economics at Oxford University and author of The Bottom Billion: Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It.
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//The Globe&Mail
http://www.theglobeandmail.com/news/opinions/how-canada-can-help-haiti-to-help-itself/article1160675/
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