Le salaire minimum fixe un seuil au-dessous duquel ne peuvent se situées les sommes que les employeurs doivent payer les travailleurs d’un pays donné.
Même les économistes les plus éminents sont divisés sur cette question.
Gary Becker, Prix Nobel affirme : « Laissez filer le salaire minimum et vous mettrez les gens au chômage.»
D’autres Prix Nobel ont une opinion contraire: « Nous pensons que le salaire minimum fédéral (aux USA) peut être augmenté modérément sans menacer de façon notable les possibilités d’emploi.»
Un ancien conseiller économique du Président Clinton, Alan Blinder écrivait dans le New York Times du 23 mai 1996: « Les gens qui perçoivent les salaires les plus bas souffrent depuis plusieurs années. Ils ont besoin de toute l’aide possible et très vite. Environ 40% des salariés percevant le salaire minimum sont le seul membre de la famille qui rapporte un revenu et environ les deux tiers des adolescents gagnant le salaire minimum vivent dans des familles ayant un revenu inférieur à la moyenne. Franchement, je ne sais pas si une augmentation modeste du salaire minimum diminuerait ou non l’emploi. Si c’était le cas, l’effet serait vraisemblablement très faible.»
Alors comment voulez-vous que des non spécialistes puissent se faire une juste idée de ces questions si les experts ne s’entendent pas ?
Samuelson et Nordhaus (2005) affirment qu’une analyse faite de sang froid indique que la controverse sur le salaire minimum est d’abord due à des questions d’interprétation et non à des désaccords fondamentaux quant aux résultats empiriques.
Même les économistes les plus éminents sont divisés sur cette question.
Gary Becker, Prix Nobel affirme : « Laissez filer le salaire minimum et vous mettrez les gens au chômage.»
D’autres Prix Nobel ont une opinion contraire: « Nous pensons que le salaire minimum fédéral (aux USA) peut être augmenté modérément sans menacer de façon notable les possibilités d’emploi.»
Un ancien conseiller économique du Président Clinton, Alan Blinder écrivait dans le New York Times du 23 mai 1996: « Les gens qui perçoivent les salaires les plus bas souffrent depuis plusieurs années. Ils ont besoin de toute l’aide possible et très vite. Environ 40% des salariés percevant le salaire minimum sont le seul membre de la famille qui rapporte un revenu et environ les deux tiers des adolescents gagnant le salaire minimum vivent dans des familles ayant un revenu inférieur à la moyenne. Franchement, je ne sais pas si une augmentation modeste du salaire minimum diminuerait ou non l’emploi. Si c’était le cas, l’effet serait vraisemblablement très faible.»
Alors comment voulez-vous que des non spécialistes puissent se faire une juste idée de ces questions si les experts ne s’entendent pas ?
Samuelson et Nordhaus (2005) affirment qu’une analyse faite de sang froid indique que la controverse sur le salaire minimum est d’abord due à des questions d’interprétation et non à des désaccords fondamentaux quant aux résultats empiriques.
A) Salaire minimum et marché de concurrence.-
Commençons par analyser la Figure 1.
Figure 1
Cette figure décrit le marché de la main-d’œuvre non qualifié. Elle illustre la manière dont un salaire minimum établit un niveau plancher pour les emplois.
Sur un marché de concurrence la demande d’un facteur est une fonction décroissante : si le prix du facteur augmente, la quantité de facteur diminue. Cette règle est d’une grande importance sur le marché du travail.
En situation de concurrence sur le marché du travail, dans son entier ou par segment, une augmentation du salaire, ceteris paribus, entraînera une réduction du volume de l’emploi.
Toujours dans le cas de la Figure 1, l’offre globale (OO’) et la demande globale (D’D) aboutissent au salaire w0 qui équilibre le marché au point A. Le volume d’emploi à l’équilibre est L0.
Supposons que l’État décide de fixer le salaire minimum à (w1), une valeur supérieure au salaire d’équilibre du marché ( w1 supérieur à w0 ). La fixation du salaire minimum à (w1) revient à remplacer la courbe de l’offre (OO’) par la ligne brisée (w1 JO’). L’équilibre du marché de l’emploi n’est plus au point A ; il se déplace au point B, intersection de (w1 JO’) et de (D’D).
L’emploi diminuera donc de L0 à L1. L’imposition d’un salaire minimum entraîne une diminution de l’emploi.
Pour le salaire w0 la quantité de travail offerte correspond à l’abscisse du point J, tandis que la quantité de travail demandée s’établit au point B. La différence entre les abscisses de J et de B correspond alors au niveau de chômage. Il y aura donc une augmentation du chômage et une diminution de l’emploi des travailleurs non qualifiés.
L’ampleur de ces mouvements dépendra de l’élasticité-prix de la demande de travail, c’est-à-dire de la mesure de la sensibilité des variations relatives de la quantité de travail demandée aux variations relatives du prix. L’effet de ces mouvements sur le salaire des travailleurs à faible revenu peut être anticipé en analysant les données empiriques disponibles dans le milieu considéré.
Le passage de w0 à w1 pourrait-il se faire sans perte d’emploi ?
La réponse peut-être oui. Pour qu’il n’y ait pas de diminution d'emploi, il faudrait que la courbe de demande (D’D) se déplace vers le haut, comme l’illustre la Figure 2, pour s’établir en (D’1 D1), coupant ainsi la courbe de l’offre (w1 JO’) au point C d’abscisse L0. Mais un tel déplacement de la courbe de demande (D’D) ne pourrait se faire que si le prix des biens produits par les travailleurs augmentait (ce qui déplacerait vers le haut la courbe des valeurs de productivité marginale) et/ou s’il y avait des gains de productivité. À ce sujet, voir par exemple Gauthier et Leroux (1981).
Toutes choses étant égales par ailleurs, l’augmentation du salaire minimum ne se traduirait pas par une diminution de l’emploi si elle était accompagnée de gains de productivité.
Sur un marché de concurrence la demande d’un facteur est une fonction décroissante : si le prix du facteur augmente, la quantité de facteur diminue. Cette règle est d’une grande importance sur le marché du travail.
En situation de concurrence sur le marché du travail, dans son entier ou par segment, une augmentation du salaire, ceteris paribus, entraînera une réduction du volume de l’emploi.
Toujours dans le cas de la Figure 1, l’offre globale (OO’) et la demande globale (D’D) aboutissent au salaire w0 qui équilibre le marché au point A. Le volume d’emploi à l’équilibre est L0.
Supposons que l’État décide de fixer le salaire minimum à (w1), une valeur supérieure au salaire d’équilibre du marché ( w1 supérieur à w0 ). La fixation du salaire minimum à (w1) revient à remplacer la courbe de l’offre (OO’) par la ligne brisée (w1 JO’). L’équilibre du marché de l’emploi n’est plus au point A ; il se déplace au point B, intersection de (w1 JO’) et de (D’D).
L’emploi diminuera donc de L0 à L1. L’imposition d’un salaire minimum entraîne une diminution de l’emploi.
Pour le salaire w0 la quantité de travail offerte correspond à l’abscisse du point J, tandis que la quantité de travail demandée s’établit au point B. La différence entre les abscisses de J et de B correspond alors au niveau de chômage. Il y aura donc une augmentation du chômage et une diminution de l’emploi des travailleurs non qualifiés.
L’ampleur de ces mouvements dépendra de l’élasticité-prix de la demande de travail, c’est-à-dire de la mesure de la sensibilité des variations relatives de la quantité de travail demandée aux variations relatives du prix. L’effet de ces mouvements sur le salaire des travailleurs à faible revenu peut être anticipé en analysant les données empiriques disponibles dans le milieu considéré.
Le passage de w0 à w1 pourrait-il se faire sans perte d’emploi ?
La réponse peut-être oui. Pour qu’il n’y ait pas de diminution d'emploi, il faudrait que la courbe de demande (D’D) se déplace vers le haut, comme l’illustre la Figure 2, pour s’établir en (D’1 D1), coupant ainsi la courbe de l’offre (w1 JO’) au point C d’abscisse L0. Mais un tel déplacement de la courbe de demande (D’D) ne pourrait se faire que si le prix des biens produits par les travailleurs augmentait (ce qui déplacerait vers le haut la courbe des valeurs de productivité marginale) et/ou s’il y avait des gains de productivité. À ce sujet, voir par exemple Gauthier et Leroux (1981).
Toutes choses étant égales par ailleurs, l’augmentation du salaire minimum ne se traduirait pas par une diminution de l’emploi si elle était accompagnée de gains de productivité.
*
Figure 2
*
La situation que nous avons considérée ci-dessus est une situation de concurrence imparfaite, dans laquelle il n’y a qu’un seul employeur qui transige avec une offre de main-d’œuvre non-syndiquée. Tout le pouvoir est alors du côté de l’employeur, celui-ci, appliquant le critère de maximisation du profit.
B) Salaire minimum, syndicat et concurrence imparfaite.-
Considérons maintenant le cas où la main-d’œuvre est organisée, c’est-à-dire, protégé par un syndicat, par exemple. La présence du syndicat va changer la dynamique de fixation du prix, comme on va le voir à l’aide de la Figure 3.
B) Salaire minimum, syndicat et concurrence imparfaite.-
Considérons maintenant le cas où la main-d’œuvre est organisée, c’est-à-dire, protégé par un syndicat, par exemple. La présence du syndicat va changer la dynamique de fixation du prix, comme on va le voir à l’aide de la Figure 3.
Figure 3
Le syndicat peut faire augmenter le salaire sans réduction de l’emploi. Pour cela, il n’accepte pas d’offrir du travail pour un salaire inférieur à w1.
La courbe d’offre (OO’) est remplacée par la ligne brisée, (w1JO’), qui représente aussi la dépense moyenne en travail de l’employeur. Et la dépense marginale est alors définie par l’ensemble des deux lignes (w1J) et (KM).
Pour maximiser son profit, l’employeur est obligé de se positionner au point A, intersection de la ligne brisée précédente (la nouvelle ligne de dépense marginale) et de la ligne de recette marginale factorielle (RmF). Dans ce cas, il emploie L0, mais au salaire w1.
On constate que w1 constitue le salaire minimum le plus élevé que le syndicat peut exiger sans causer une diminution de l’emploi.
D’autre part, soit le niveau de salaire w2, compris entre w0 et w1 et associé à l’intersection de la ligne d’offre initiale (OO’) et de la ligne de recette marginale factorielle. Si le syndicat n’accepte pas d’offrir de l’emploi au-dessous de w12, alors la courbe d’offre devient (w2BO’), tandis que la ligne de dépense marginale de l’employeur est formée des deux segments (w2B) et (SM). Pour maximiser son profit, l’employeur est alors contraint d’utiliser L2, payé au salaire w2. Le syndicat a donc une marge de négaciation: il peut négocier un salaire minimum compris entre w2 et w1, ce qui maintiendra le niveau d’emploi entre L2 et L0.
C) Définition de quelques termes
Fonction de production : Q=f(K,L)
K : facteur Capital
L : facteur Travail
Productivité totale : PTL = f(K=K0, L) ; K0 = valeur fixée de K ; L seule varie.
Productivité marginale physique : PmPL, dérivée de la productivité totale par rapport à L.
Recette totale factorielle (RTFL) : liaison fonctionnelle entre les rentrées monétaires de l’entreprise et les quantités de facteur variables utilisées : RTFL = g(L).
On a toujours : RTFL = PQ . PTL ; PQ étant le prix du bien sur le marché.
Recette marginale factorielle (RmFL) : mesure la contribution additionnelle à la recette totale due à l’utilisation d’une unité supplémentaire de facteur:
La courbe d’offre (OO’) est remplacée par la ligne brisée, (w1JO’), qui représente aussi la dépense moyenne en travail de l’employeur. Et la dépense marginale est alors définie par l’ensemble des deux lignes (w1J) et (KM).
Pour maximiser son profit, l’employeur est obligé de se positionner au point A, intersection de la ligne brisée précédente (la nouvelle ligne de dépense marginale) et de la ligne de recette marginale factorielle (RmF). Dans ce cas, il emploie L0, mais au salaire w1.
On constate que w1 constitue le salaire minimum le plus élevé que le syndicat peut exiger sans causer une diminution de l’emploi.
D’autre part, soit le niveau de salaire w2, compris entre w0 et w1 et associé à l’intersection de la ligne d’offre initiale (OO’) et de la ligne de recette marginale factorielle. Si le syndicat n’accepte pas d’offrir de l’emploi au-dessous de w12, alors la courbe d’offre devient (w2BO’), tandis que la ligne de dépense marginale de l’employeur est formée des deux segments (w2B) et (SM). Pour maximiser son profit, l’employeur est alors contraint d’utiliser L2, payé au salaire w2. Le syndicat a donc une marge de négaciation: il peut négocier un salaire minimum compris entre w2 et w1, ce qui maintiendra le niveau d’emploi entre L2 et L0.
C) Définition de quelques termes
Fonction de production : Q=f(K,L)
K : facteur Capital
L : facteur Travail
Productivité totale : PTL = f(K=K0, L) ; K0 = valeur fixée de K ; L seule varie.
Productivité marginale physique : PmPL, dérivée de la productivité totale par rapport à L.
Recette totale factorielle (RTFL) : liaison fonctionnelle entre les rentrées monétaires de l’entreprise et les quantités de facteur variables utilisées : RTFL = g(L).
On a toujours : RTFL = PQ . PTL ; PQ étant le prix du bien sur le marché.
Recette marginale factorielle (RmFL) : mesure la contribution additionnelle à la recette totale due à l’utilisation d’une unité supplémentaire de facteur:
RmFL = p(L) = d(RTFL) / dL.
On peut montrer que : RmFL = RmQ . PmPL; RmQ étant la recette marginale sur le marché du bien.
Valeur de la productivité marginale d’un facteur (VPmPL ): produit de la productivité marginale physique du facteur variable (PmPL) par le prix du bien (PQ) :
On peut montrer que : RmFL = RmQ . PmPL; RmQ étant la recette marginale sur le marché du bien.
Valeur de la productivité marginale d’un facteur (VPmPL ): produit de la productivité marginale physique du facteur variable (PmPL) par le prix du bien (PQ) :
VPmPL = PQ . PmPL .
Dépense totale factorielle (DTFLK0) : une fonction des quantités utilisées des facteurs fixe et variable décrivant les déboursés dus à la production : DTFLK0 = h(L, K=K0).
On a : DTFLK0 = PL . L + PK . K0.
Dépense fixe factorielle (DFFLK0) : c’est la quantité PK . K0.
Dépense variable factorielle (DVFL) : une liaison fonctionnelle entre les déboursés de l’entreprise sur le facteur variable et les quantités utilisées du facteur variable :
DVFL = q(L) = PL . L.
Dépense marginale factorielle (DmFL) : une fonction des quantités de facteur variable. Elle exprime l’évolution du déboursé additionnel lié à l’utilisation de facteur:
DmFL = s(L) = d(DFLK0) / dL.
Règle générale : L’entreprise qui veut maximiser ses profits (ou minimiser ses pertes) doit utiliser une quantité de facteur variable telle que la dépense marginale factorielle soit égale à la recette marginale factorielle :
DmFL = RmFL.
Dépense totale factorielle (DTFLK0) : une fonction des quantités utilisées des facteurs fixe et variable décrivant les déboursés dus à la production : DTFLK0 = h(L, K=K0).
On a : DTFLK0 = PL . L + PK . K0.
Dépense fixe factorielle (DFFLK0) : c’est la quantité PK . K0.
Dépense variable factorielle (DVFL) : une liaison fonctionnelle entre les déboursés de l’entreprise sur le facteur variable et les quantités utilisées du facteur variable :
DVFL = q(L) = PL . L.
Dépense marginale factorielle (DmFL) : une fonction des quantités de facteur variable. Elle exprime l’évolution du déboursé additionnel lié à l’utilisation de facteur:
DmFL = s(L) = d(DFLK0) / dL.
Règle générale : L’entreprise qui veut maximiser ses profits (ou minimiser ses pertes) doit utiliser une quantité de facteur variable telle que la dépense marginale factorielle soit égale à la recette marginale factorielle :
DmFL = RmFL.
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Dans la rédaction de ce texte les ouvrages suivants ont été consultés:
1.- Samuelson et Nordhaus, Économie, 18e édition , Economica, 2005
2.- Gauthier et Leroux, Microéconomie, théorie et applications, Gaëtan Morin, éditeur (1981)
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Mise à jour du 6 juin 2009:
En zappant entre les journaux d'Haïti, nous avons trouvé aujourd'hui un aricle sur le sujet.
Il date du 29 mai 2009. Cliquez sur le lien suivant pour le lire:
//Haïti: Quelques remarques sur le salaire minimum
//
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