vendredi 12 juin 2009

Haïti: Le salaire minimum, d'une rencontre à l'autre

Source: Le Nouvelliste, 12 juin 2009
Par Carlin MICHEL
michelcarlin@yahoo.fr


Les rencontres se multiplient entre le Président de la République, des parlementaires et des membres du secteur patronal sur la loi fixant le salaire minimum à 200 gourdes. Ces derniers disent n'être pas prêts à supporter un salaire minimum au-delà de 125 gourdes.

Le Palais national est, ces derniers jours, comme le siège des tractations sur la loi portant sur le salaire minimum votée au début du mois de mai 2009. Le président René Préval a réuni autour d'une même table des parlementaires et des industriels pour discuter de la portée de cette loi. S'ils ne peuvent pas trouver un accord pour la promulgation de cette loi, ils se mettent cependant d'accord pour ne pas partager avec la presse les informations découlant des discussions entamées depuis jeudi au Palais national.
Les industriels de l'Association des industriels d'Haïti (ADIH) ne sont pas prêts à payer un salaire minimum de 200 gourdes, selon le député de la plate-forme « Lespwa », Patrick Joseph, un des trois députés qui participaient à une rencontre avec des membres du secteur patronal dont Andy Apaid dans un hôtel de la place. « M. Apaid nous a expliqué que même un salaire minimum fixé à 150 gourdes sera catastrophique pour les entrepreneurs du secteur du textile », déclare le député, expliquant que l'ADIH serait favorable à un salaire minimum variant dans la fourchette de 120 à 125 gourdes. Dans les documents remis aux parlementaires, les hommes d'affaires font savoir qu'ils seront dans l'incapacité la plus totale de respecter un salaire minimum fixé à 200 gourdes.
Plusieurs discussions déjà échouées
Le président de l'ADIH, Georges Sassine, n'étant pas dans le pays, députés et industriels n'ont donc pas pu s'entretenir mercredi dernier sur le salaire minimum, après qu'une invitation eut été adressée à l'ADIH par le député Steven Benoît. Toutefois, une délégation de l'ADIH est disposée à rencontrer le député Steven Benoît pour une présentation préliminaire de sa position avant l'arrivée de M. Sassine. Ce que M. Benoît a tout bonnement rejeté.
« J'attends le président de l'ADIH pour la tenue de cette rencontre. Nous sommes à quelques jours de l'expiration du délai constitutionnel pour que le président formule ses objections sur cette loi, sinon il sera dans l'obligation de la promulguer », a souligné le député de Pétion-Ville. Il a rappelé les cinq documents que les industriels de l'ADIH doivent apporter à la rencontre notamment une liste des mesures d'accompagnement qu'ils souhaitent obtenir, une liste des vingt-six entreprises membres de l'ADIH ainsi que le nom du gérant responsable de chacune d'elles, l'état financier de chacune des entreprises composant cette association.
Le vendredi 5 juin dernier, pendant que les étudiants de plusieurs facultés de l'Université d'Etat d'Haïti manifestaient violemment dans les parages du Champ-de-Mars pour réclamer la promulgation de la loi sur le salaire minimum, le président de la République, René Préval, et des parlementaires réunis au Palais national n'avaient pas pu faire mieux. « Cette rencontre ne pourrait apporter rien de sérieux. Le président ne peut que promulguer la loi ou utiliser son droit d'objection », a déclaré le député Jean Marcel Lumérand en marge de cette rencontre.
Le président René Préval, tout au long de cette rencontre, selon les propos du député Guy Gérard Georges, a fait montre de ses préoccupations qu'un salaire minimum de 200 gourdes n'occasionnerait pas des pertes massives d'emplois.
Laissés en compagnie des conseillers techniques du Président pour leur expliquer les conséquences néfastes de cette loi sur le pays, les députés et les sénateurs ont avoué n'être pas convaincus des arguments avancés par l'Exécutif. « Le président n'exerce pas de leadership, il s'est caché derrière le secteur patronal et laisse ce secteur faire le jeu », a fulminé le sénateur Youri Latortue.
Vendredi 19 juin au plus tard, le Président de la République devra indubitablement faire valoir ses objections ou promulguer la loi en l'état. Selon des sources présidentielles, « si une entente n'est pas trouvée, avant l'expiration du délai constitutionnel, entre parlementaires et industriels, le président utilisera, de plein droit, son droit d'objection ».
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