Par Kathleen Dorsainvil
Source: Le Nouvelliste, 20 juillet 2009
Le concept de salaire minimum est un outil économique utilisé par les économies de marché afin d'assurer un salaire de subsistance aux agents économiques non qualifiés. Il va s'en dire que le montant associé au salaire minimum est destiné à évoluer au cours du temps en fonction des conditions économiques du pays, de l'inflation en particulier.
En Haïti, le salaire minimum a été fixé à 70 gourdes en 2003.L'inflation dans le pays a évolué comme suit depuis 2003:
2003 32,4%
2004 24,3%
2005 15,8%
2006 13,1%
2007 8,2%
2008 19,8%
Source:Institut haïtien de Statistique et d'Informatique IHSI)
Par conséquent, si le salaire minimum avait été ajusté au cours de la période pour tenir compte de l'inflation, il aurait été fixé à 195 gourdes au début de l'année 2009.
La loi Benoit fixant le salaire minimum à 200 gourdes répond donc à un souci d'équité de la part du législatif face aux travailleurs haïtiens non qualifiés, et il convient de le féliciter.
D'un premier coup d'oeil, cet ajustement peut paraître lourd. Le patronat haïtien, le secteur de la sous-traitance en particulier, responsable de l'offre d'emploi, a maintes fois fait savoir qu'il ne pourra pas supporter une telle augmentation.
En pratique économique, cette offre d'emploi artificiellement maintenue à 70 gourdes pendant cinq ans est équivalente à une subvention au secteur concerné par la nation haïtienne au détriment des travailleurs haïtiens non qualifiés. Ce genre de subvention implicite peut se concevoir pour les enterprises en phase d'implantation afin de tenir compte des coûts élevés de démarrage de leur activité. La théorie économique n'est pas unanime, quant à l'efficacité de ce genre de subvention. Elle est unanime pour dire que cette subvention ne doit exister que pendant un laps de temps court, le temps pour les entrepreneurs d'acquérir le "comment faire" du fonctionnement profitable.
Dans les mois à venir, avec ou sans les 200 gourdes, la performance du secteur de la sous-traitance, sa capacité à maintenir les emplois, à profiter pleinement de la loi HOPE, va dépendre de manière cruciale de la demande pour ses produits, demande liée à l'état de la santé de l'économie mondiale, l'économie américaine en particulier, donc du "comment faire" de ce secteur à être profitable.
En Haïti, le salaire minimum a été fixé à 70 gourdes en 2003.L'inflation dans le pays a évolué comme suit depuis 2003:
2003 32,4%
2004 24,3%
2005 15,8%
2006 13,1%
2007 8,2%
2008 19,8%
Source:Institut haïtien de Statistique et d'Informatique IHSI)
Par conséquent, si le salaire minimum avait été ajusté au cours de la période pour tenir compte de l'inflation, il aurait été fixé à 195 gourdes au début de l'année 2009.
La loi Benoit fixant le salaire minimum à 200 gourdes répond donc à un souci d'équité de la part du législatif face aux travailleurs haïtiens non qualifiés, et il convient de le féliciter.
D'un premier coup d'oeil, cet ajustement peut paraître lourd. Le patronat haïtien, le secteur de la sous-traitance en particulier, responsable de l'offre d'emploi, a maintes fois fait savoir qu'il ne pourra pas supporter une telle augmentation.
En pratique économique, cette offre d'emploi artificiellement maintenue à 70 gourdes pendant cinq ans est équivalente à une subvention au secteur concerné par la nation haïtienne au détriment des travailleurs haïtiens non qualifiés. Ce genre de subvention implicite peut se concevoir pour les enterprises en phase d'implantation afin de tenir compte des coûts élevés de démarrage de leur activité. La théorie économique n'est pas unanime, quant à l'efficacité de ce genre de subvention. Elle est unanime pour dire que cette subvention ne doit exister que pendant un laps de temps court, le temps pour les entrepreneurs d'acquérir le "comment faire" du fonctionnement profitable.
Dans les mois à venir, avec ou sans les 200 gourdes, la performance du secteur de la sous-traitance, sa capacité à maintenir les emplois, à profiter pleinement de la loi HOPE, va dépendre de manière cruciale de la demande pour ses produits, demande liée à l'état de la santé de l'économie mondiale, l'économie américaine en particulier, donc du "comment faire" de ce secteur à être profitable.
Par conséquent, celles des entreprises qui ont été en sursis de fonctionnement vont de toute façon se retrouver en situation de péril. Elles auront le choix entre acquérir rapidement le "comment faire" ou devenir des "enterprises lemons". Leur acharnement à faire modifier la loi Benoit n'y changera rien.
L'examen des états financiers par le législatif aura l'avantage unique de mettre au grand jour l'état des lieux de ce secteur de la vie nationale, d'identifier les entreprises "lemons". Il faut espérer que des décisions économiques saines pourront en découler.
Par contre, il convient de faciliter la transition vers l'absence de subvention implicite pour les entreprises profitables, en les aidant à maintenir leur capacité de production. Il convient aussi de répondre au souci du législatif de garantir un certain seuil de subsistance pour les travailleurs haïtiens non qualifiés. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les objections de l'executif à la loi Benoit.
Si les ajustements avaient progressé avec le temps, le salaire minimum aurait évolué comme suit:
Gourdes
2004 92,7
2005 115,2
2006 133,4
2007 151
2008 163
2009 195
Le salaire minimum à 200 gourdes apparaît comme un passage obligé.
Une formule raisonnable de transition peut être une augmentation immédiate à 140 gourdes- le salaire médian de la période- et un ajustement final à 200 gourdes à une date à négocier entre les parties concernées, décembre 2009 par exemple.
Ce délai dans l'ajustement pourrait être utilisé par les différents secteurs de la vie économique nationale pour suivre l'évolution de l'économie mondiale, de l'économie haïtienne, d'établir des normes d'accès aux suppléments d'information, de mettre en branle des mesures d'accompagnement destinées à stimuler l'investissement privé, moteur de la croissance, de déterminer les mesures à prendre face aux entreprises 'lemons".
Pour finir, une suggestion au législatif. Il s'est fixé l'objectif d'un salaire minimum uniforme sur tout le territoire national. Pourquoi ne pas envisager la possibilité d'un salaire minimum par départment en fonction du coût de la vie dans chaque région, à établir par l'IHSI? Dans un souci d'équité, une telle mesure serait plus efficiente que d'envisager un salaire minimum différent par secteur.
Kathleen Dorsainvil
Docteur en Economie
Juillet 2009
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L'article original est publié ici.
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